Debunkage rapide de la réforme Affelnet Paris 2020-2021

Dans cet article nous démontons les mécanismes de la réforme Affelnet Paris 2020-2021 qui, selon ce que nous avons pu savoir, a été un terrain d’expérimentation de portée nationale.

Nous démontrons comment cette réforme, présentée comme sociale, est en fait une réforme purement économique, ayant pour but de regrouper les élèves par pôles de lycées visant à terme la normalisation des parcours, la diminution des groupes de spécialités, et ainsi la réduction du nombre d’enseignants.

Nous démontrons la construction stratégique qui a consisté à disséminer les meilleurs élèves de Paris Centre , du 5ème et du 6ème, en leur bloquant l’accès à leurs lycées traditionnels (ce fait a d’ailleurs été indiqué par la DASEN Madame Claire Mazeron dans l’article 2021/02/24 – France3 Paris – Affelnet : l’inquiétude des parents des futurs lycéens face à un projet de nouvelle carte scolaire).
Cela a été fait en mettant en place deux stratégies :

  • Le bonus IPS dont la carte recouvre quasi exactement la carte des mentions Très Bien au DNB des collèges, permettant donc de distinguer les collèges ayant beaucoup de « futures têtes de classe » tout en se cachant derrière un argument social ;
  • Une carte de choix de 5 lycées de secteur 1 basée sur le nombre de collèges ayant tel ou tel lycée : plus de collèges à bonus IPS 600 ou 1200 ont ce lycée, moins il est accessible aux collèges à IPS 0, alors qu’ils figurent dans la liste des 5. Ainsi, Charlemagne (proposé 21fois), Sophie Germain et Turgot (proposés 19 fois) Hélène Boucher (proposé 18 fois) deviennent ainsi quasiment inaccessibles sans bonus IPS. D’où l’hécatombe pour ces élèves.

Le principal versant économique réside dans la dispersion des élèves des meilleurs collèges dans les lycées peu attractifs. Ce qui a été présenté comme la conséquence inattendue d’une réforme basée sur un facteur social – l’introduction du bonus IPS – est selon nous un plan déterminé. Il suffisait de constater – au moins à Paris – la concordance de la carte des mentions TB au DNB avec celle baptisée « carte des IPS ». Cette dispersion, en créant des « têtes de classe » censées tirer les classes vers le haut, permettra de réduire une fois de plus les parts des dotations affectées aux dédoublements de classes, au heures complémentaires, etc.

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Repenser l’affectation à Paris, pour qu’elle soit plus juste

La réforme d’Affelnet Parsi 2020-2021 (et dans une moindre mesure en France entière), c’est :

  • Ne tenir compte de l’effort scolaire que pour 6,4% pourcents [voir Note 1] ;
  • Tenir compte de la « position sociale » des voisins mais pas de celle de la famille [voir Note 2] ;
  • Limiter le choix à une liste de 5 lycées, les autres étant tellement hypothétiques [voir Note 3].

La mixité sociale doit être renforcée, mais la valeur cardinale, celle que l’on enseigne à nos enfants, doit rester le mérite scolaire.

A Paris comme ailleurs, pour restaurer un peu de justice, il faut introduire de nouveaux points : créer un site web national, corriger les erreurs de calcul, ajuster l’offre et la demande en créant des lycées, contrôler les vœux pour améliorer les fiches de vœux, repenser le socle de compétences, repenser les bonus, gérer des recours…

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Affelnet n’est pas un champ d’expérimentation sociale : les enfants parisiens sont humains.

Dans un article de Libération du 22 février 2021 [voir Note 1], Julien Grenet déclare, à propos des interrogations sur l’arrivée du privé dans Affelnet :  «On saura grâce à ça comment les lycées privés sont équitables dans leur recrutement. Est-ce qu’il n’y a que 3 % d’élèves défavorisés dans le privé parce qu’ils ne candidatent pas ou parce qu’ils ne sont pas pris ? Cela permettra d’avoir une réponse».

Venant du « théoricien » d’Affelnet Paris, cette phrase est juste glaçante.

Pour rappel, depuis 2016 il n’est pas une année sans que la règle du jeu Affelnet ne change d’un seul coup au mois de mars ou d’avril, que ce soit par la modification des points accordés, l’adjonction de bonus, l’ajout de « collèges frontière », la mise en place de quotas, la pondération des matières, modifications de la version « enseignement professionnel ». Et pourtant, pas une année :

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Les « bons élèves » ne doivent pas servir de plan B pour cacher la diminution des Dotations Horaires dans les lycées.

Dans un article de france3-regions du 24 février 2021 [voir Note 1], Madame Claire MAZERON, récemment promue Directrice Académique des Service de l’Education Nationale (DASEN) déclare, parlant des problèmes de mixité scolaire : « Nous favorisons également la mixité scolaire. Avec cette réforme, des élèves de niveau intermédiaire pourront aller dans dans de bons lycées. Des têtes de classe pourront se retrouver dans des lycées intermédiaires. Nous souhaitons mieux répartir les élèves. Jusqu’à présent les bons collégiens allaient dans les bons lycées et les élèves fragiles dans des lycées moins bien classés. La réforme va enclencher une mécanique et cela va équilibrer les niveaux« .

Alors que le Rectorat fait croire aux parents que ce sont les notes de leur enfant qui compteront, ces propos dans la bouche de la DASEN démontrent que l’affectation devient basée sur le niveau social des parents des élèves !

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Avant tout, le choix de l’IPS comme indice pour Affelnet est invraisemblable.

Avant même d’étudier la manière dont fonctionne le bonus IPS (Indice de Position Sociale), penchons nous sur son élément de base, l’indice IPS. L’indice IPS est un indice complexe, qui intègre des notions de revenu, de métier, et relatives au foyer. Il peut vite souffrir de nombreuses irrégularités s’il est mal employé, comme à Paris. Il faut pour Affelnet soit réformer son usage, soit changer d’indice.

Nous explicitons en particulier combien le choix de l’IPS pour Affelnet ne repose sur aucune construction scientifique. En effet, comme nous le montrons, un juste emploi de l’IPS est délicat. Mais à Paris 2020-2021 ce n’est pas ce qui arrête le Rectorat, puisqu’en pratique l’IPS doit être utilisé pour argumenter des baisses de budget [voir Note 1].

En introduisant l’IPS qui quantifie non plus les revenus mais le niveau de « position sociale », le Rectorat souhaite donc prendre en compte combien les parents peuvent aider leurs enfants, non plus sur la base des moyens financiers mais bien d’un mix financier et culturel. Et conclut que plus les parents pourront aider leur enfant, moins les établissements publics auront besoin d’être aidés.

Pour tout savoir sur la construction de l’IPS, vous pouvez lire Qu’est ce que l’indice IPS qui sert de base à Affelnet et aux baisses de DHG ?

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Que représentent 600 ou 1200 points de bonus IPS ?

Nous le démontrons ici sur la base de cas d’élèves recalculés sur l’année 2020-2021, avec les coefficients (écart type et moyenne) de l’année, à savoir l’effet réel de 600 ou 1200 points de bonus IPS. Les réponses :

  • Avec un IPS de 600 points, un élève ayant entre 14,04 et 17,05 a plus de points que le meilleur élève à IPS 0 ;
    Le bonus IPS de 600 points rapporte donc entre 3 et 6 points de moyenne (cela dépend aussi du socle);
  • Avec un IPS de 1200 points, un élève ayant entre 12,63 et 14,49 a plus de points que le meilleur élève à IPS 0 ;
    Le bonus IPS de 1200 points rapporte donc entre 5,5 et 7,5 points de moyenne (cela dépend aussi du socle).

Un IPS de 600 points donne selon les cas un avantage de 4,5 points, un IPS de 1200 points un avantage de 6,5 points.

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La carte des Secteurs Affelnet Paris 2020-2021 était un leurre.

Nous avons établi dans notre article Debunkage rapide de la réforme Affelnet 2020-2021 que cette réforme était purement économique, et non sociale. La réforme Affelnet Paris 2020-2021 visant donc à injecter des têtes de classe dans des lycées peu attractifs, il s’agissait de disperser les meilleurs élèves de ces arrondissements dans le plus de lycées à moins de 25 minutes de temps de trajet. Nous expliquons dans l’article cité ci-dessus aussi pourquoi les élève des arrondissements centraux (1-2-3-4-5-6) et dans une moindre mesure du 16ème deviennent la cible, principalement parce que c’est là que se retrouvent les plus forts taux de mentions TB au DNB.

Dans ce cadre, la liste des lycées de Secteur 1, 2 et 3 était un leurre destiné à masquer cette stratégie.

Comment réaliser cela : en donnant aux élèves des arrondissements centraux (1-2-3-4-5-6) des choix de lycées qui soient hors de ces arrondissements. Mais pour que l’opération ne soit pas trop visible, il fallait que ces élèves y aient aussi des lycées dans leur liste de choix . La solution ? Les leur rendre impossibles à obtenir.

C’est ce que nous démontrons avec précision dans notre article Démonstration des promesses non tenues sur les cartes de secteur. La presse, les politiques comme les parents (votre serviteur entre autres) avaient alerté le Recteur – M. Christophe Kerrero – et la DASEN – Mme Claire Mazeron – à de très nombreuses reprises sur les dangers et l’insatisfaction qu’entrainerait cette stratégie. Le rectorat n’a jamais bougé sur le fond du problème.

Effet sur la liste de choix des collèges :

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Arrêter de considérer les parents comme négligeables et leur communiquer les informations à temps.

L’établissement des cartes de 5 lycées de Secteur 1 est un bon résumé de la piètre communication avec les Parents.

L’établissement de ces cartes a été désastreux, amenant à des marchandages entre le rectorat et des proviseurs [voir Note 1], et de tractations avec les organisations de parents d’élèves parisiennes [voir Note 2]. Surtout, toutes ces évolutions ont eu lieu en mars-avril, donnant lieu à un délai d’ information bien trop bref des parents. Il en est de même pour les taux-cibles pour les boursiers, émis le 12 avril 2021 [voir Note 3], dont la connaissance est une nécessité absolue pour les 20% d’élèves boursiers. Il en est de même encore pour les bonus IPS des collèges dont on a commencé à parler vers mi février.

Enfin, les simulations, censées rassurer les parents, ont été fait dans un contexte trompeur [voir Note 4] , bien trop tard, et diffusées auprès d’une partie seulement des parents, alors que la cible de communication aurait du être de 100%.

Il en va de même des autres éléments forts d’Affelnet. Tous les ans nous constatons que les « règles du jeu » sont publiées fort tard, début avril. Cette année la circulaire a été émise le 19 avril.

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